Le millésime en Champagne, une notion vraiment primordiale ?Quand on parle de millésime en Champagne, on se sent obligé de relativiser cette notion car elle n’est pas aussi importante que dans les autres vignobles de France. En effet, la Champagne a la chance de pouvoir compter sur des vins de réserve en cas de mauvaises récoltes, qui peuvent parfois être successives. L’autre point important en Champagne qui permet d’autant plus de relativiser la notion de millésime, c’est qu’en réalité, les vignerons champenois produisent peu de champagnes millésimés ; à quelques exceptions près bien entendu car certains vignerons ou maison ont fait de la vinification de millésimes leur marques de fabrique. On pense notamment à des noms qui font rêver les amateurs de champagne, comme la maison Salon au Mesnil-sur-Oger dans la Côte des Blancs qui ne vinifie que lors des millésimes exceptionnels ou des vigneronnes comme Delphine Brulez des champagnes Louise Brison à Noé-les-Mallets dans l’Aube qui fait le choix de millésimer chaque vendange. De manière plus concrète, les champagnes millésimés représentent environ 10 % de la production totale de champagne. Contrairement aux autres vignobles de France, la Champagne est une terre où le vin d’assemblage règne en maître. Les vignerons champenois assemblent les cépages, les parcelles et les millésimes, entre autres éléments. La production de vin de Champagne est une recherche de constance et d’équilibre d’une année à l’autre afin que les consommateurs puissent retrouver ce qui fait la particularité d’un champagne à chaque dégustation. Bien entendu, dans le cas des champagnes millésimés, cela n’a plus lieu d’être puisque l’on cherche à exacerber les caractéristiques d’une année de vendange. Le constat est le même dans le cas des champagnes parcellaires qui se veulent le reflet d’une seule parcelle. Enfin, dernier point et pas des moindres, le champagne est produit selon la méthode traditionnelle, autrefois nommée méthode champenoise mais désormais réservée à la seule AOC Champagne. Si les Champenois testent la qualité des vins clairs, c’est-à-dire les vins avant champagnisation, cette dégustation ne constitue qu’un aperçu du potentiel des futurs champagnes. C’est donc une sacrée prise de risque avant la prise de mousse ! Quand on élabore du vin en méthode traditionnelle, on pratique une seconde fermentation en bouteille, que les Champenois appellent la prise de mousse mais il s’agit d’une expression utilisée aussi dans d’autres vignobles où l’on pratique la méthode traditionnelle et où l’on produit des crémants et d’autres vins mousseux. C’est pendant ce laps de temps que le champagne devient un vin effervescent ou devrait-on dire plus précisément un vin mousseux car la pression à l’intérieur de la bouteille équivaut à 6 bar soit la pression contenue dans un pneu de camion ! Avant sa commercialisation, le champagne doit patienter au minimum 15 mois en cave mais attention 15 mois dans le cas d’un BSA, c’est-à-dire un brut sans année, autrement dit un champagne non millésimé. En effet, dans le cas des champagnes millésimés, les temps de lattes sont bien plus longs et le champagne patiente à l’abri de la lumière pendant au moins 36 mois. Pendant tout ce temps, le vin profite de la présence des levures pour gagner en complexité aromatique, en plus de se charger en CO² (dioxyde de carbone ou gaz carbonique). C’est donc lors de la prise de mousse que le vin devient champagne et qu’il devient un vin mousseux, mais pas n’importe lequel : un vin mousseux de qualité produit sur une aire d’appellation délimitée et l’occurrence l’aire d’appellation Champagne. À la lumière de tous ces éléments, on peut donc dire que l’on peut évaluer la qualité d’un champagne à deux moments seulement :
Que l’on parle de BSA ou de champagne millésimé, il faut s’armer de patience avant de porter ce précieux nectar à ses lèvres mais le jeu en vaut la chandelle car nombreux sont les vignerons qui poussent bien plus loin les temps de lattes avant la commercialisation de leurs champagnes. |